À L’INTÉRIEUR de Jodi Picoult ★★★★☆

Description:

Quand votre fils ne vous regarde jamais dans les yeux… comment savoir s’il est coupable ?

Adolescent atteint du syndrome d’Asperger, Jacob Hunt ne possède pas le mode d’emploi pour communiquer avec les autres. Enfermé dans sa bulle, il est pourtant d’une intelligence prodigieuse. Un sujet le passionne plus que tout : la criminalistique. Il parvient souvent à se rendre sur des scènes de crime, où il ne peut s’empêcher d’expliquer aux policiers comment faire leur travail. En général, il tombe juste.

Mais lorsqu’un assassinat se produit dans le quartier, l’attitude de Jacob est un signe flagrant de culpabilité pour la police. Pour la mère et le frère de Jacob, l’intolérance et l’incompréhension qui ont toujours menacé leur famille ressurgissent brutalement.

Et cette question lancinante, qui ne laisse pas leur âme en paix… Jacob a-t-il, oui ou non, commis ce meurtre ?

PS: A savoir que ce livre existe aussi sous un autre titre: « À fleur de peau »

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MON AVIS:

Je ne pouvais pas lire ce roman avec neutralité étant donné que je suis maman d’un petit autiste, ce qui a rendu ma lecture plus critique mais aussi plus engagée et emphatique.

Tout d’abord je tiens à flatter les connaissances de l’auteure en matière d’autisme, une pathologie encore bien méconnue il y a quelques années, et toujours aussi mystérieuse. Ses recherches n’ont pas été que médicales (ça se ressent dans le récit) le comportement, les mimiques et petites habitudes sont des choses que l’on appréhende avec la routine. On comprend aussi dans les remerciements que sa première lectrice fut une autiste asperger, qui pouvait lui dire ce qui allait ou n’allait pas avec le personnage!

Au delà de la recherche, on découvre une famille hors normes dans presque tous les sens du terme, mais toujours une maman courage, prête à tout pour ses enfants. Mais parfaitement imparfaite aussi…

Quand un enfant comme Jacob réclame autant d’attention, on ne peut que faire des erreurs avec le reste du monde. Et le petit frère en fut le premier exemple.

J’ai aimé le fait que l’auteure brise le tabou de ces sentiments que l’on ressent à côté de l’handicap. Car l’handicap n’est pas toujours facile à vivre du côté des « autres ».

La honte, la colère, la jalousie, la frustration, autant de sentiments souvent enfouis chez les frères et sœurs de nos boutchous extraordinaires, comme si l’ordinaire devenait tout d’un coup moins important ou tout simplement invisible…

Encore une fois, il m’est difficile de catégoriser ce livre, c’est un roman dramatique ou un thriller? Je dirais les deux et bien plus encore.

Nous sommes témoins de la difficulté à juger pénalement une affaire impliquant un autiste.

Comment un mot ou une question peut changer la donne, comment il est difficile aussi d’expliquer à quelqu’un ce qu’est un handicap « invisible ».

Et puis il y a la question incessante, l’a t’il fait, oui ou non?

Il faut dire que l’auteure a brouillé les pistes, un peu trop parfois, mais bon je lui pardonne volontiers car je ne voulais pas que ça s’arrête trop vite de toute façon. J’avais de gros doutes sur ce qu’il s’était passé malgré tout, je ne pouvais m’empêcher de continuer à lire.

L’avocat! Laissez moi vous dire un mot à propos de ce personnage. Quel phénomène, un coup de cœur! Son humour, sa simplicité, son empathie. Je n’en dirai pas plus au risque de trop en dévoiler mais je pense que vous l’apprécierez autant que moi!

En ce qui concerne Jacob, certains le trouveront peut-être égoïste, insensible, d’autres comprendront que cela fait partie intégrante de son univers. On ne saura jamais exactement ce que ressent un être qui ne fonctionne pas comme nous, qui ne pense pas comme nous.

Mais c’est ça aussi l’amour, être capable de donner sans attendre de recevoir…

MILLE PETITS RIENS de Jodi Picoult ★★★★☆

Description:

Ruth Jefferson est sage-femme depuis plus de vingt ans. C’est une employée modèle. Une collègue accommodante. C’est aussi la seule afro-américaine de son service. Le jour où un couple de suprémacistes blancs demande à ce qu’on lui interdise tout contact avec leur bébé, Ruth est choquée de voir sa hiérarchie accéder à leur requête. Quand le nourrisson décède quelques jours plus tard, c’est elle qui est pointée du doigt. Accusée de meurtre, Ruth va devoir répondre de ses actes devant la justice. Mais sa couleur de peau ne la condamne-t-elle pas d’avance ?

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MON AVIS:

Une lecture qui ne laisse pas indemne. Une histoire contemporaine qui raconte, qui dénonce et interroge.

C’est aussi prenant qu’un thriller, aussi intéressant qu’un roman historique, et aussi poignant qu’une biopic dramatique.

Un livre qui mériterait 5 étoiles si ce n’était quelques bémols pour ma part.

On ressent (encore une fois) le véritable travail de recherche de l’auteure, que ce soit du côté des suprémacistes, ou de la communauté afro-américaine.

Malgré tout, il y un truc qui me dérange.

Je n’ai pas réussi à ressentir de l’empathie pour Ruth, son personnage est trop froid, trop sévère, ce qui va en contradiction avec ce qu’elle représente dans cette histoire (la femme intégrée dans le monde des blancs).

Alors que sa sœur, qui est supposée représentée la femme noire authentique, fière de ses traditions et très négative par rapport au monde « des blancs », je la trouve plus humaine et moins amère. Était-ce volontaire ou maladroit? Je ne pourrais dire, et loin de moi l’idée de reprocher quelque chose à ce roman qui reste excellent.

Mais voilà, je parle en connaissance de cause car je sais ce qu’est la discrimination, je sais ce que c’est de vivre dans un monde qui n’est pas le nôtre, de ressentir cette infériorité ( ma mère aussi travaillait chez des personnes très fortunées et son histoire m’a intimement rappelé la mienne), et je sais aussi ce que c’est d’être montrée du doigt ou d’être le coupable idéal dans une situation simplement parce qu’on a pas la couleur ou le nom qu’il faut. Malgré tout, on doit aussi comprendre ce que ça fait d’être du côté des « privilégiés ». Tout n’est pas blanc ou noir, la vie est nuancée de gris.

Comment reprocher à quelqu’un de ne pas ressentir ce qu’il ne pourrait jamais comprendre? Ce serait comme subir un deuil et reprocher à quelqu’un qui essaye de compatir, de ne pas savoir ce que ça fait réellement.

Oui, il faut l’avouer, certains démarrent dans la vie avec un carré d’as et d’autres avec des cartes sans importance, cependant c’est la façon de jouer qui amènera à une défaite ou une victoire.

On ne peut pas faire le procès de l’histoire, le procès du monde depuis sa création. Nous ne pourrons jamais remonter le temps et changer les choses, mais nous pouvons nous servir de nos cicatrices pour devenir meilleurs.

Est-ce mieux de rentrer dans le cadre ou de lutter en dehors de la boîte?

C’est à chacun de choisir sa bataille.

Enfin, c’était mon ressenti.

Bien entendu il y a plusieurs morales dans cette histoire (inspirée de plusieurs histoires vraies, vous le comprendrez dans le postface de l’auteure) et je vous laisse les découvrir.

SALINA, Les trois exils, de Laurent Gaudé ★★★★☆

Description:

L’histoire de Salina, « la femme aux trois exils, celle qui eut un fils haï, un fils de colère et un fils pour tout racheter, Salina, la femme salée par les pleurs, condamnée à naître et à mourir en marchant dans des terres inconnues », commence dans un cri venu des montagnes. Un homme mystérieux dépose un bébé, bruyant, à l’entrée du village dirigé par les Djimba. Immobiles, les habitants contemplent et subissent les hurlements de cet enfant, arrivé de nulle part, résistant aux rayons brûlants du soleil et attirant les hyènes.

Sauvée et élevée par Mamambala dès son plus jeune âge, elle découvre rapidement, dès « ses premiers sangs », les devoirs imposés à une femme du village. Les larmes de la passion, la douleur de l’exil, la colère née de la vengeance, l’amour filial… Le récit de la femme « au visage de pierre » est une tragédie moderne, la quête d’un être blessé, qui hurle en silence pour combler le vide de la privation.

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MON AVIS:

Un livre que j’ai commencé sans grande conviction et pourtant…

Cela m’a rappelé un peu la légende africaine du grand Soundjata Keita, avec un rappel sur ces histoires qu’on se « passe » oralement, de générations en générations.

L’histoire est forte, l’écriture est belle et poétique.

Salina est une femme complexe, qu’on apprend à connaître au fil des pages, car au début du livre on commence par la fin, au crépuscule de sa vie.

Ce livre est une belle surprise, une de ces histoires qu’on raconte autour d’un feu au milieu du désert.

UNE BONNE ÉPOUSE INDIENNE de Anne Cherian ★★★★☆

Description:

Neel a beau avoir étudié aux Etats-Unis et être devenu un brillant anesthésiste dans un grand hôpital de San Francisco, il n’échappera pas à un mariage arrangé – une tradition presque immuable en Inde.

Au cours d’un bref voyage pour voir sa famille, le piège se referme et le voilà lié à Leila, qu’il n’a vue qu’une seule fois. Certes, elle est belle, douce, cultivée, intelligente, mais il n’en veut pas.

Il préfère, de loin, son explosive maîtresse californienne. Ce qu’il ne sait pas, c’est que Leila va attendre son heure et, sans bruit, sans drames, sans scènes, réserver à son époux bien des surprises.

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MON AVIS:

Ce n’est pourtant pas mon genre de lecture habituel, mais ce livre m’a bel et bien embarqué!

Beaucoup de thèmes sont abordés dans ce roman, le mariage, l’adultère, les mariages arrangés, l’émancipation de la femme, et encore d’autres que je ne dévoilerais pas de peur de spoiler.

Bien que l’histoire se passe en ‘Amerrrrique’, l’Inde est présente à chaque page, avec ses valeurs, sa culture et sa cuisine.

L’auteure ne fait ni l’apologie, ni le procès des mariages arrangés, c’est un regard neutre et objectif sur une institution qui n’est en fait pas si différente de certains procédés modernes.

Les personnages sont plutôt attachants, surtout Leila. Je trouve que l’auteure nous permet de vraiment vivre ses pensées et ressentir ses émotions.

On ne peut qu’essayer de se mettre à sa place, mais parfois les solutions qui nous viendraient à l’esprit ne sont pas toujours les meilleures. Ce roman soulève des questions très profondes comme le fait de respecter choix qui nous paraît insensé. Est-ce qu’empêcher une femme de décider de son sort même s’il nous paraît terrible est une entrave à sa liberté? Avons nous le droit de choisir à la place de quelqu’un, simplement parce que certains choix vont à l’encontre de nos croyances, nos libertés, et tout ce qu’on croit connaître?

En ce qui concerne Neel (Suneel) on l’aime ou on le déteste, mais je dirais que tout n’est pas blanc ou noir, et si l’on prenais la situation d’un autre point de vue (par exemple si les genres étaient inversés), je pense qu’on aurait plus d’empathie.

Je ne peux pas dire que le roman m’a tenu en haleine dès le départ, mais j’ai quand même eu du mal à le fermer une fois que j’étais rentrée dans le vif du sujet.

TOUTES LES COULEURS DE LA NUIT de Karine Lambert ★★★★☆

Description:

Le diagnostic est irrévocable. D’ici trois semaines, Vincent aura perdu la vue. Confronté à son destin, ce prof de tennis de trente-cinq ans qui avait tout pour être heureux expérimente le déni, la colère et le désespoir.

Comment se préparer à vivre dans l’obscurité ? Sur qui compter ? Alors que le monde s’éteint petit à petit autour de lui et que chaque minute devient un parcours d’obstacles, il se réfugie à la campagne où il renoue avec ses souvenirs d’enfance. Les mains plongées dans la terre, Vincent se connecte à ses sens, à l’instant présent et aux autres. Il tente de gagner le match de sa nouvelle vie.

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MON AVIS:

Une petite vague de fraîcheur!

Je ne suis ni feel-good, ni romance, mais là j’avoue que ce livre fait du bien.

C’est un sujet lourd traité avec légèreté.

Qui ne s’est jamais demandé ce que ça ferait d’être aveugle? Qui n’a jamais eu peur dans le noir de marcher à tâtons et de se demander ce qu’on ferait si toute notre vie ressemblait à ce moment?

Dans ce roman, on accompagne Vincent dans la perte de sa vue, mais pas seulement, car quand on devient aveugle, bien évidemment c’est tout un lot de mésaventures qui l’accompagnent.

Comment accepter cette nouvelle vie, renoncer ou se battre? Accepter ou se résigner? Vivre ou survivre?

J’ai aimé les interludes de l’auteure, où au lieu de trouver des citations et des proverbes, on retrouve les questions que l’on s’est déjà posé ou qu’on voudrait poser maladroitement ou non.

J’ai trouvé qu’il n’y en avait ni trop ni pas assez, c’est réaliste, c’est touchant, et le plus important, ça fait réfléchir. De plus, la relation avec le grand-père apporte une touche de sagesse au récit.

Un vrai roman de vacances à glisser dans sa valise!