LES ENFANTS DU SILENCE de Gong Ji-Young

Description:


Il faut avant tout savoir que les événements racontés dans ce roman sont vrais. Ils ont réellement eu lieu.

Lorsque Inho arrive dans cette petite ville coréenne noyée dans le brouillard, il a un mauvais pressentiment. Il vient d’être nommé professeur dans une école privée et rien ne le destinait au combat qu’il va devoir y mener pour faire éclater la vérité. Ce que découvre rapidement Inho, c’est que les élèves de cette institution sont victimes de sévices et d’abus sexuels depuis plusieurs années, avec la complicité de membres de la police et des autorités locales. Ces enfants sont d’autant plus réduits au silence qu’ils sont atteints de surdité.
Face à la puissance et au mépris de ceux qui détiennent le pouvoir, la solidarité, le courage, l’obstination seront-ils suffisants pour que justice soit rendue ?

Gong Ji-young est une écrivaine profondément convaincue que les livres peuvent changer le monde. Et parfois en effet ils y arrivent. Ce roman poignant a provoqué un séisme dans la société coréenne et une nouvelle loi a été votée, qui durcit les peines pour les auteurs d’agressions sexuelles sur les mineurs et les handicapés. »


Mon avis:

Un livre, pourtant pas si épais, que j’ai mis beaucoup de temps à terminer. J’ai fait plusieurs pauses, j’ai même failli arrêter la lecture tellement cela devenait dérangeant.
Pourtant on connaît l’histoire, on sait où l’on met les pieds mais malgré tout on a du mal à s’y faire.

On a aussi du mal à se dire que c’est réellement arrivé et on souhaiterait tellement que cela soit une fiction. Ça rendrait le monde moins moche et terrifiant.
Car oui, on rencontre dans ce livre toute la bassesse de l’être humain. Elle nous dégoûte, nous prend aux tripes et pourtant cela arrive tous les jours, encore aujourd’hui et autour de nous.

Je ne spoilerai pas la fin donc je vous laisse découvrir le dénouement de l’affaire mais je vais finir ce commentaire en citant les mots de l’auteure, elle-même, tirés de ses remerciements.

“Alors que je ne connaissais rien aux sourds, j’ai eu l’impression d’entendre leurs cris de douleur. J’ai eu mal, comme si on enfonçait des épines dans ma chair. Je n’arrivais plus à avancer dans le roman que j’étais en train d’écrire.
Quand je repense aux yeux brillants des enfants sourds qui m’ont fait suffisamment confiance pour me raconter toute leur histoire alors qu’on se voyait pour la première fois, j’en ai les larmes aux yeux. Quand je songe à toutes les personnes qui se sont dévouées pour venir en aide à ces enfants, j’ai presque honte de me plaindre de temps à autre que la vie est vide de sens. Dire que j’ai failli ne pas savoir que tant d’anges vivaient ici-bas !
Malgré tout, j’ai été très heureuse de réaliser ce travail. J’ai éprouvé autant de douleurs et de joies à le faire que lorsque j’ai commencé ma carrière de romancière.
La vie et la réalité vont toujours bien au-delà de notre imagination, et ce dans le drame comme dans le merveilleux. ”

RESTE AVEC MOI de Ayòbámi Adébáyò★★★☆☆

Description:

Avec pour toile de fond les bouleversements politiques du Nigeria des années 1980, le portrait inoubliable d’une femme qui fait le choix de la liberté… envers et contre tout.

Yejide et Akin vivent une merveilleuse histoire d’amour. De leur coup de foudre l’universit d’If, jusqu’ leur mariage, tout s’est enchan. Pourtant, quatre ans plus tard, Yejide n’est toujours pas enceinte. Ils pourraient se contenter de leur amour si Akin, en tant que fils an, n’tait tenu d’offrir un hritier ses parents. Yejide consulte tous les spcialistes, mdecins et sorciers, avale tous les mdicaments et potions tranges… Jusqu’au jour o une jeune femme apparat sur le pas de sa porte. La seconde pouse d’Akin. Celle qui lui offrira l’enfant tant dsir. Bouleverse, folle de jalousie, Yejide sait que la seule faon de sauver son mariage est d’avoir un enfant. Commence alors une longue et douloureuse qute de maternit qui exigera d’elle des sacrifices inimaginables.


Mon avis:
Je suis un peu sortie des sentiers battus avec ce livre.
Avant toute chose, c’est un roman choral, donc à deux voix en l’occurrence, celui de Yejide d’une part et de son mari d’autre part.
On ne se perd pas dans le récit car on comprend dès les premières lignes qui parle. De plus, l’histoire se suit, et non se répète comme dans certains romans où le même moment est vécu par plusieurs points de vue.

Que dire de ce roman à part que j’ai ressenti des émotions très différentes à la lecture. J’ai eu d’abord de la pitié, ensuite de la tristesse, de la colère, un sentiment de malaise, du dégoût… enfin c’est très controversé.
Je me suis mise à la place de la femme comme n’importe quelle femme le ferait je suppose, mais j’ai fini par me séparer du personnage car elle suit un chemin bien trop éloigné de mes principes.
A des moments, je ne la comprenais pas du tout, mais cela m’est déjà arrivé avec des personnages forts, des caractères intenses qui ne vous laissent pas indifférents, soit vous les aimez, soit vous les détestez. Et j’avoue que ça n’a pas été le premier choix.
Toutefois, une de ses citations m’a fait réfléchir car oui, on ne peut juger tant qu’on a pas vécu la même chose.

“Avant d’accuser l’escargot d’être lent, attachez votre maison sur votre dos et portez-la pendant une semaine”

Ce que j’ai apprécié, c’est le regard qu’a ce roman sur le poids des cultures et des traditions, ses croyances parfois tellement irréalistes et pourtant si ancrées dans certaines générations. La difficulté de vivre avec ces personnes pour qui tout est une histoire de mauvais esprits, de rituels et de marabouts. J’ai apprécié aussi de connaître le point de vue du mari, l’auteur nous fait passer de l’autre côté pour comprendre tel ou tel choix, car il y a des rebondissements dans cette historie évidemment.

Ce que je n’ai pas aimé, c’est le côté malsain qui est pesant, les détails un peu trop crus de certaines scènes qui peuvent mettre mal à l’aise.

Beaucoup de tristesse et de désespoir dans cette histoire.
Je me sens reconnaissante d’être croyante car c’est l’absence de foi qui pousse les gens dans leur retranchements et leur fait commettre des actes irréparables.

LA DÉCHIRURE de Hela Ouardi ★★★☆☆

Description:

Hela Ouardi décrit la succession du Prophète, qui se joue lors d’un conclave dans la Saqifâ à Médine. Une lutte politique pour le pouvoir, entren les Émigrants venus de La Mecque, et les Ansars, les auxiliaires qui l’ont accueilli et protégé avec ses compagnons à Médine.

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Avertissement: Bien que l’auteure clame tirer ses sources uniquement de faits historiques avérés, il faut savoir qu’elle comble les trous de façon romancée et que ses sources viennent à la fois de la tradition sunnite mais aussi chi’ite.

Mon avis: J’ai voulu lire ce livre en conséquence de cause parce que c’est un sujet qui m’intéresssait et je voulais voir si l’auteure était vraiment neutre dans son écriture comme elle le clamait.

Mais il en est tout autre, c’est une lectire qui peut s’avérer dangereuse si on n’est pas soi-même connaisseur du sujet ou si on ne fait pas ses propres recherches pour démêler le vrai du faux.

Une chose pour laquelle l’auteure dit vrai, c’est que ces faits sont un peu occultés dans la communauté, je trouve qu’on passe un peu sous silence les origines des dissensions entre musulmans et les causes de cette fameuse « déchirure » qui a engendré la naissance des chi’ites, et par conséquent des sunnites.

On ne peut nier les faits qui ont causé les multiples tragédies qui suivirent, comme les assassinats des 3 sur 4 califes bien guidés. On ne peut nier non plus la colère de Fatima Radiallahu Anha contre Abu Bakr par rapport aux terres de Fadak.

Mais la science des hadiths est très complexe, et on ne peut se permettre de puiser à droite à gauche des récits qui sont parfois de source faible voire fausse et d’en faire une histoire détaillée.

Et c’est la ou cette lecture peut être dangereuse, car l’auteure nous emmène dans un terrain où elle dépeint des personnages illustres, des compagnons promis au Paradis d’une manière très humaine, négativement parlant, et elle essaye de ternir cette image.

Je dirais donc que j’ai apprécié de vivre ces moments importants qui restent passionnants, et j’avoue qu’on a l’impression d’y être ce qui ajoute à l’émotion intense que cela procure. Mais le malaise vient vite quand on sait que ce que l’ont lit est faux ou carrément exagéré.

C’est pour cela que je ne sais pas si je continuerai la série car ça se résumerait en une perte de temps.

Je préfère me tourner vers un récit fiable même s’il est moins détaillé et moins passionnant.

Mais je ne regrette pas cette lecture car elle m’a poussé dans mes recherches et cela m’a fait comprendre le climat politique de l’époque et les différents partis qui s’opposaient avec des arguments frappants.

MILLE PETITS RIENS de Jodi Picoult ★★★★☆

Description:

Ruth Jefferson est sage-femme depuis plus de vingt ans. C’est une employée modèle. Une collègue accommodante. C’est aussi la seule afro-américaine de son service. Le jour où un couple de suprémacistes blancs demande à ce qu’on lui interdise tout contact avec leur bébé, Ruth est choquée de voir sa hiérarchie accéder à leur requête. Quand le nourrisson décède quelques jours plus tard, c’est elle qui est pointée du doigt. Accusée de meurtre, Ruth va devoir répondre de ses actes devant la justice. Mais sa couleur de peau ne la condamne-t-elle pas d’avance ?

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MON AVIS:

Une lecture qui ne laisse pas indemne. Une histoire contemporaine qui raconte, qui dénonce et interroge.

C’est aussi prenant qu’un thriller, aussi intéressant qu’un roman historique, et aussi poignant qu’une biopic dramatique.

Un livre qui mériterait 5 étoiles si ce n’était quelques bémols pour ma part.

On ressent (encore une fois) le véritable travail de recherche de l’auteure, que ce soit du côté des suprémacistes, ou de la communauté afro-américaine.

Malgré tout, il y un truc qui me dérange.

Je n’ai pas réussi à ressentir de l’empathie pour Ruth, son personnage est trop froid, trop sévère, ce qui va en contradiction avec ce qu’elle représente dans cette histoire (la femme intégrée dans le monde des blancs).

Alors que sa sœur, qui est supposée représentée la femme noire authentique, fière de ses traditions et très négative par rapport au monde « des blancs », je la trouve plus humaine et moins amère. Était-ce volontaire ou maladroit? Je ne pourrais dire, et loin de moi l’idée de reprocher quelque chose à ce roman qui reste excellent.

Mais voilà, je parle en connaissance de cause car je sais ce qu’est la discrimination, je sais ce que c’est de vivre dans un monde qui n’est pas le nôtre, de ressentir cette infériorité ( ma mère aussi travaillait chez des personnes très fortunées et son histoire m’a intimement rappelé la mienne), et je sais aussi ce que c’est d’être montrée du doigt ou d’être le coupable idéal dans une situation simplement parce qu’on a pas la couleur ou le nom qu’il faut. Malgré tout, on doit aussi comprendre ce que ça fait d’être du côté des « privilégiés ». Tout n’est pas blanc ou noir, la vie est nuancée de gris.

Comment reprocher à quelqu’un de ne pas ressentir ce qu’il ne pourrait jamais comprendre? Ce serait comme subir un deuil et reprocher à quelqu’un qui essaye de compatir, de ne pas savoir ce que ça fait réellement.

Oui, il faut l’avouer, certains démarrent dans la vie avec un carré d’as et d’autres avec des cartes sans importance, cependant c’est la façon de jouer qui amènera à une défaite ou une victoire.

On ne peut pas faire le procès de l’histoire, le procès du monde depuis sa création. Nous ne pourrons jamais remonter le temps et changer les choses, mais nous pouvons nous servir de nos cicatrices pour devenir meilleurs.

Est-ce mieux de rentrer dans le cadre ou de lutter en dehors de la boîte?

C’est à chacun de choisir sa bataille.

Enfin, c’était mon ressenti.

Bien entendu il y a plusieurs morales dans cette histoire (inspirée de plusieurs histoires vraies, vous le comprendrez dans le postface de l’auteure) et je vous laisse les découvrir.

SALINA, Les trois exils, de Laurent Gaudé ★★★★☆

Description:

L’histoire de Salina, « la femme aux trois exils, celle qui eut un fils haï, un fils de colère et un fils pour tout racheter, Salina, la femme salée par les pleurs, condamnée à naître et à mourir en marchant dans des terres inconnues », commence dans un cri venu des montagnes. Un homme mystérieux dépose un bébé, bruyant, à l’entrée du village dirigé par les Djimba. Immobiles, les habitants contemplent et subissent les hurlements de cet enfant, arrivé de nulle part, résistant aux rayons brûlants du soleil et attirant les hyènes.

Sauvée et élevée par Mamambala dès son plus jeune âge, elle découvre rapidement, dès « ses premiers sangs », les devoirs imposés à une femme du village. Les larmes de la passion, la douleur de l’exil, la colère née de la vengeance, l’amour filial… Le récit de la femme « au visage de pierre » est une tragédie moderne, la quête d’un être blessé, qui hurle en silence pour combler le vide de la privation.

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MON AVIS:

Un livre que j’ai commencé sans grande conviction et pourtant…

Cela m’a rappelé un peu la légende africaine du grand Soundjata Keita, avec un rappel sur ces histoires qu’on se « passe » oralement, de générations en générations.

L’histoire est forte, l’écriture est belle et poétique.

Salina est une femme complexe, qu’on apprend à connaître au fil des pages, car au début du livre on commence par la fin, au crépuscule de sa vie.

Ce livre est une belle surprise, une de ces histoires qu’on raconte autour d’un feu au milieu du désert.